Chez Mumu – Plaisir d’écrire n° 73

Avec les mots : Porte-bonheur – porte-clés – porte-jarretelles – porte-plume – porte-savon – porte-parole – porte-drapeau – porte-cigarette


Illustration

Vive la liberté.

C’était le jour de la libération me racontait maman. Les porte-drapeaux à toutes les fenêtres jouaient des couleurs en cette belle journée ensoleillée. Accoudée à la fenêtre, le porte-cigarette aux lèvres, elle les regardait défiler ces vainqueurs, jeunes et beaux. La foule était en liesse. Elle décida de s’y joindre. Dans le porte-savon encore quelques morceaux de quoi se laver les mains. Elle prit les bas à couture devenus secs depuis la veille et qu’elle attacha à son porte-jarretelle.

Sur la table à l’aide de son porte-plume, elle écrivit ceci :
– Papa, maman, je rejoins Françoise, pour aller faire la fête, je reviens vite »
Ses parents se trouvaient au magasin d’antiquités ensemble, à fermer les volets sans doute.

Avant de dévaler les escaliers recouverts de tapis, elle prit son porte-clef auquel pendait un petit coeur, porte-bonheur reçu de Jean, l’homme qu’elle aimait.

En bas le spectacle était hallucinant. Les tanks déroulaient leurs chenilles sur les pavés à grands fracas. Sur ces engins s’amoncelaient civils et militaires se faisant l’accolade et s’embrassant. Pas besoin de porte-parole pour les remercier, recevoir des cigarettes, des biscuits, du chocolat. Les deux amies courraient dans l’avenue en chantant, et en criant à tue-tête : « Vive la liberté ».

Au départ, j’avais trouvé impossible avec ces mots de faire un texte. Et puis à partir d’un souvenir d’une photo à rechercher, le récit à pris forme. Ce texte est basé sur les récits que m’a fait maman lors de la libération. J’avais cru pouvoir trouver dans son album, une photo de ces tanks à Bruxelles, je n’ai rien retrouvé, il m’avait pourtant semblé. Ma mémoire me joue peut être des tours 😉

© freesia – 30-10-2012

À propos de filamots

Sur le fil des mots. Je rassemble pour mes enfants, les textes anciens et nouveaux ainsi que futurs que je dépose sur ce blog. L'occasion pour moi de faire de belles rencontres virtuelles, et de m'améliorer dans l'écriture de quelques nouvelles lorsque l'inspiration est au rendez-vous. Je partage aussi ma passion pour la photographie en tant qu'amateur. Je suis autodidacte en informatique, lecture, musique, etc....

Une réponse "

  1. mich dit :

    Mille bravos Superbe texte

  2. tu as bien trouvé ou mettre les mots, j’ai été comme toi un peu perplexe devant ces mots, mais j’ai vu que pratiquement tout le monde a relevé le défi
    bonne soirée
    bisous
    Mandrine

    • filamots dit :

      Bonjour Mandrine,
      Je n’ai pas pu faire d’atelier cette semaine, trop occupée avec mes photos 🙂 Pour celui-ci, j’avais pas eu envie, et puis les mots se sont imposés dans cette histoire. Tout ce que j’ai lu chez les uns et les autres était comme d’habitude très amusant.
      Bisous
      G.

  3. colettedc dit :

    Oh ! Atelier souvenir … j’aime beaucoup Geneviève ! Mille bravos ! Agréable soirée pour toi ! Bisous.

    • filamots dit :

      Merci Colette, je regrette d’avoir pensé qu’il existait une photo prise par mes grands-parents depuis leur maison des tanks américains. J’avais basé mon histoire sur ce souvenir et cette photo qui était dans mes souvenirs. J’ai regardé tous les albums que j’ai emportés chez moi après le décès de maman, mais je n’ai rien trouvé de la sorte. J’ai toutefois beaucoup de conversation avec maman à ce sujet.
      Agréable fin de journée à toi aussi 🙂
      Bisous.

  4. Bravo, pour ma part il est rare que je sois inspirée par des mots imposés, c’est plus facile avec des mots commençant ou finissant par un son, mais je préfère poétiser libre que sur commande. Et c’est pareil pour la musique….Superbe texte en tous cas…

    • filamots dit :

      Merci Katell, j’aime relever des défis, c’est pour cela que j’essaie de le faire. Sinon, lorsque j’ai de l’inspiration et que je m’y plonge, c’est bien entendu comme cela vient. 🙂
      Quant à la musique, je ne compose pas, j’écoute et suis en manque de musique classique, ce que je regrette beaucoup.

  5. claudielapicarde dit :

    C’est réussi, ma mère en parlait peu de la libération, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce-que nous avions 38 ans d’écart et quand j’ai eu l’âge de comprendre cette guerre était déjà loin.
    Bises

    • filamots dit :

      Je suis née alors que maman avait 28 ans. Et cinq ans après la fin de la guerre. Mais le sujet revenait souvent sur la table dans les conversations. Et maman ou papa vous racontez comment c’était pendant la guerre. Maman nous en a parlé de ses souvenirs, d’essayer de passer en France libre. Puis lorsque ce ne fut plus le cas, tout le petit monde est reparti de France pour rejoindre Bruxelles dans l’autre sens entièrement occupé par les allemands. La gestapo avait son siège dans un grand immeuble qui se trouve encore intact au début de l’avenue Louise, un immense bâtiment dans le plus pur style moscovite, absolument affreux. A la libération, maman venait d’être réquisitionnée pour aller travailler dans les usines allemandes, elle l’a échappé belle. De toute manière elle aurait rejoint la résistance qui a caché son frère pendant les quatre ans de guerre. Mon parrain, son frère, était anti-militariste.
      Quant à mon père, il a passé les quatre années comme résistant politique enfermé et torturé dans diverses prisons allemandes et aussi dans d’autres endroits. Ce que je ne comprends pas, c’est comment un homme qui a souffert ainsi puisse faire du mal à sa fille après. Cela reste pour moi un grand mystère et le restera à jamais. Il avait sur ses jambes les stigmates des tortures, c’était très moche à voir. Maman parlait souvent de la faim, du froid et de la misère dans laquelle ils ont dû vivre, puisque ce sont des bourgeois riches qui ont descendu la pente en sens inverse avec le crash de 1929 et la guerre a achevé de dissoudre toute la fortune qu’ils avaient, les deux maisons, les bijoux, et l’argent.
      Ma grand-mère vivait dans ces souvenirs là et me racontait encore et encore. Maman me parlait des bombardements sur Bruxelles, des abris. Dans cette grande maison de maître, tout le monde logeait dans les sous-sols où le feu fonctionnait, une poêle de Louvain. Encore un article à faire 🙂
      Bisous….

  6. lavandine dit :

    Tu t en es bien sortie ….moi je n aime pas écrire avec des mots comme contrainte.

    • filamots dit :

      Bonjour Lavandine,
      Cela m’amuse lorsque je suis inspirée 🙂
      Et surtout lorsque j’ai du temps. Je me mets le défi. Avant j’écrivais des textes très longs, des mini-histoires, mais je privilégie de plus en plus la photo pour l’instant. 🙂
      Ainsi cela m’oblige de sortir hors de mon cocon 😉
      Mais je comprends très bien ce que tu veux dire 🙂

  7. mimitahitie dit :

    j’en fait 1 aussi si ça te dis!!bonne journee et bisou

  8. Mais oui, ces mots trouvent leur place dans ce récit émouvant!
    biz

Merciii ! C'est gentil d'y avoir pensé.