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Asphodèle 27 – Atelier d’écriture

Suite à la collecte de mots, dont voici la liste :

Changement – Incrédule ou incrédulité – papillon – régénérer – chenille – évolution – climat – déguiser – magie – transformation – grossesse – adolescence – éclosion – cafard – majestueux – amour – éphémère – éperdu – envol

eros

L’amour ou la métamorphose d’une femme blessée.

Difficile de se remettre de cette adolescence, de l’incrédulité face à une situation que j’avais dû gérer seule et avec une stratégie dont je ne me serais pas cru capable.
Le climat familial pénible, rude, dictatorial, l’évolution des évènements m’avaient poussé à réagir face à la honte d’une éventuelle grossesse non désirée et à me pousser à envisager un changement radical d’une vie imposée, intolérable.
Le soir venu, habitant chez mes parents, mes neurones devenaient travesti et voguaient ainsi parmi les méandres des systèmes D dont plus tard je bénéficierais dans ma vie professionnelle aussi bien que dans les aléas de ma vie personnelle, trouver à chaque problème une solution. Mon géniteur m’en posait un sérieux qu’il était urgent de résoudre. Ce que je fis, seule et en silence obligatoire et imposé.

Les années ont passé. L’amour fit son entrée avec fracas. Les mois de mai et de juin des années 1970 à 1986 n’autorisaient pas le cafard et soulevaient souvent des tempêtes de transformations radicales dans ma vie.
La magie se déguisa en un envol majestueux de sentiments forts, exacerbés par l’éclosion d’une passion qui distillait dans mes veines ce désir de plus en plus fréquent de revoir cet homme. Quelques mois auparavant en mai 1973,  j’avais 23 ans, au détour d’un chemin une voiture s’arrête alors que je sortais de chez moi après y avoir déjeuné pendant la pause du midi. Un homme en descend, m’interpelle. Je le reconnais de suite. Il se trouve en plein soleil, porte la barbe ce qui l’avantage physiquement. En le découvrant ainsi, à ce moment là, c’est pour moi le coup de foudre. Un instant éphémère comme un instantané d’un cliché. Chaque nano-seconde restera imprégnée dans mes souvenirs.

Je remonte vers la petite place où la voiture en plein carrefour s’est arrêtée. De loin j’observe qu’il n’a pas changé, taille moyenne, le front déjà bien dégarni et un sourire que je ne lui connaissais pas. Il attend adossé contre la portière d’une Simca 1100,  si mes souvenirs sont exacts dans ce domaine. J’arrive à sa hauteur. Mon regard éperdu plonge dans ses yeux. Je crains qu’il ne voit l’effet qu’il a produit en moi. Mon visage parle tant de lui-même. Je ressens une telle surprise et  mon cœur bat si fort.

Nous bavardons quelques instants. Je n’ai pas beaucoup de temps entre l’heure du midi. Le soleil haut dans le ciel darde ses rayons et caresse mon corps frissonnant d’émotion.
Ce n’est qu’après son départ et reprenant le chemin du travail, posant un pied devant l’autre, que la chenille de ce merveilleux sentiment Amour éclate en un papillon aux teintes brillantes et colorées. Les yeux éblouis et toujours en marchant je me sens vibrer toute entière. Je ne puis plus penser. Je marche sur des nuages de coton. A ce moment là je sais que je l’aime, cet homme d’aujourd’hui, et rencontré auparavant lorsque j’avais dix-huit ans.

Je me sens ivre, le sang cogne dans mes veines, j’ai très chaud.
J’ouvre la porte d’entrée de l’immeuble, monte les escaliers, m’installe derrière le bureau.

Plus tard il fera oublier mon corps des souvenirs douloureux de petite fille et de cette longue adolescence  et seront régénérés en des plaisirs nouveaux et voluptueux , caresses, jouissances de femme réconciliée.

A ce jour ce moment merveilleux reste à jamais gravé dans ma mémoire et davantage encore en regardant mon fils, enfant désiré et issu de cet amour immense, inconditionnel, total, fusionnel ayant rejoint les souvenirs du passé.

© G. Oppenhuis – 08-05-2014

À propos de filamots

Sur le fil des mots. Je rassemble pour mes enfants, les textes anciens et nouveaux ainsi que futurs que je dépose sur ce blog. L'occasion pour moi de faire de belles rencontres virtuelles, et de m'améliorer dans l'écriture de quelques nouvelles lorsque l'inspiration est au rendez-vous. Je partage aussi ma passion pour la photographie en tant qu'amateur. Je suis autodidacte en informatique, lecture, musique, etc....

Une réponse "

  1. dimdamdom59 dit :

    Je lis que c’est du vécu ce qui rend ton histoire encore plus émouvante!!!
    De plus c’est très bien écrit!!!
    Bises.
    Domi.
    http://dimdamdom59.apln-blog.fr/2014/05/10/collecte-n27-plumes-dasphodele/

  2. Marie Felices dit :

    une histoire émouvante on la sent intensément veridique ce qui en fait sa beauté
    ta plume lui donne la part qu’elle mérite.

  3. Jean-Charles dit :

    De jolis souvenirs Geneviève et l’on sait bien que le véritable amour est éphémère mais ça fait du bien. J’avais 19 ans en 1973 et déjà amoureux, dans une histoire qui s’est terminée en 1977.

    • filamots dit :

      Bonjour Jean-Charles, il y a tellement d’amours différents. Le père de mon fils m’a apporté le beau, et le terrible aussi. J’espère que ton histoire a été merveilleuse, avant de se terminer et que tu n’en gardes que les meilleurs souvenirs ?

      • Jean-Charles dit :

        Je ne sais pas si j’en garde les meilleurs souvenirs mais c’est comme ça, la vie est ainsi faite.

        • filamots dit :

          Oui je comprends et je sais aussi ce que tu souhaites faire passer comme pensées.
          Je n’ai pas encore lu chez tout le monde. C’est là où je « pêche » pour les ateliers, je cours après le temps 🙂
          Bon week-end à toi et à tous qui passez par ce blog et chez Asphodèle 🙂
          Geneviève

  4. Ceriat dit :

    Superbe texte, très réussi. 😀 On plonge avec délices dans ces souvenirs heureux. 😀

  5. Célestine dit :

    Elle a bien mérité un peu de bonheur, cette femme blessée.
    Que tout cela est bien évoqué!

  6. Marie dit :

    Un très beau texte. Bonne soirée.

  7. Valentyne dit :

    Beaucoup de sensibilité dans ce texte 😉 Bonne journée

  8. marlaguette dit :

    Belle réconciliation avec la vie !

  9. […] Martine Littér’auteurs, Pascal Bléval, Marie Felices (ex Miss Nefer), Cériat, Célestine, Filamots, Janick, Jean-Charles, Les Sorcières (Marie),  Adrienne. Evalire et sa soeur […]

    • filamots dit :

      Bonjour les plumes et bon week-end.
      Dès que je peux j’irai découvrir tous les textes déposés chez Asphodèle où je crois que c’est ma première participation.
      Geneviève

  10. blogadrienne dit :

    On sent bien la force des sentiments, on sent que c’est authentique

  11. colettedc dit :

    Que c’est bien écrit Genevìève ce moment de ta vie … la tienne ! Merci du partage !
    Bon et bel après-midi à toi,
    Bisous.

  12. damemiracle dit :

    Oh wow, c’est magnifique cet écrit mon amie, touchant et merveilleux! Merci de ton délicieux partage, bisous, Gigi 🙂

    • filamots dit :

      Merci beaucoup damemiracle de ton commentaire 🙂 Je vais bientôt venir lire les textes de toutes les personnes qui ont participé. Ce matin, c’est dur dur, au niveau physique, les os et encore les os 😀 quelque peu rouillés de ma longue promenade d’hier inattendue.
      Bisous à toi
      Geneviève

  13. Profite du printemps, Geneviève, ici, il pleut…
    Très émouvant ton écrit

    • filamots dit :

      Bonjour Elisabeth,
      Ce matin, il ne fait plus aussi beau et je suis quelque peu crevée de mes derniers jours de balade. 🙂
      Merci pour le récit qui est totalement autobiographique.
      Passe une belle journée, je n’ai pas encore eu le temps d’aller chez personne, et j’aimerais beaucoup lire la suite sur le sujet : « toxicité ».

  14. flipperine dit :

    une belle histoire d’amour

    • filamots dit :

      Oui flipperine, et vraie, authentique, celle vécue au début avec le père de mon fils. Hélas l’amour s’en ira, et c’est une autre histoire.
      J’aime la raconter à mon fils et lui aime l’entendre 🙂 C’est normal, il sait combien je portais son père au 7ème ciel et même plus haut que cela 🙂 Il est fier et content, cela le rassure aussi. Une occasion de raconter un petit fil autobiographique. Lorsque des mots sont ainsi imposés, je ne sais jamais ce que je vais écrire. Ensuite l’histoire s’impose, je n’en connais pas la recette ni la magie, mais elle vient à l’esprit toute seule, lorsque l’envie de l’écriture est là bien entendu et aussi le temps, le temps qui manque tant. La disponibilité et tellement d’autres paramètres liés tout simplement à la vie réelle.

  15. filamots dit :

    Bonsoir à tous,
    Pour les articles antérieurs, je n’ai pas oublié les commentaires encore à répondre. J’ai très peu été disponible ces jours ci, plongée dans l’écriture ou alors au-dehors vu ce temps magnifique sur la ville. Merci de tout ❤

Merciii ! C'est gentil d'y avoir pensé.